Les nouveaux réalistes : nouvelles approches perceptives du réel

Le jeudi 27 octobre 1960, le groupe d’artistes que Pierre Restany avait préalablement baptisé  » Les nouveaux réalistes » se réunissent dans l’appartement de Yves Klein et signent ce qui devriendra la « Déclaration constitutive du groupe des Nouveaux réalistes ». Cette déclaration se limite à une simple définition du groupe « Nouveau réaliste = nouvelles approches perceptives du réel ».

Quelques jours après, Arman, Raymond Hains, Martial Raysse, Jean Tinguely et Restany se retrouvent chez Yves Klein pour réaliser une spectaculaire anthropométrie de 6 métres de long.

La première présentation de ce happening français avait eu lieu le 9 mars 1960 à la galerie internationale d’art contemporain à Paris.

A la différence de la gestuelle expressionniste de Georges Matthieu, de l’action painting ou des performances de pinceaux vivants du Groupe d’avant garde Japonaise Gutaï, pour Yves Klein la manière d’agir est plus importante que le résultat obtenu.

« Personnellement déclare t’il, je ne tenterai pas de me barbouiller le corps et de devenir un pinceau vivant; au contaire, je me vetirai plutôt de mon costume et j’enfilerai des gants blancs. Il ne me viendrait même pas à l’idée de me salir les mains. Détaché et distant, c’est sous mes yeux et sous mes ordres que doit s’accomplir le travail de l’art ».

Véritable éloge de la passivité, on peut retrouver dans ce détachement l’idée qu’il n’existe pas vraiment de différence entre un monochrome réalisé et un monochrome pensé.

Précurseur d’un courant appelé « Art attitude » qui se développera suite à une exposition intitulée  » When attitudes become form » présentée à la Kunsthalle de Berne en 1969, les anthropométries de Yves Klein ne sont pas seulement un rituel, ce sont des créations réelles, environ deux cents, sur papier, sur toile associant le rose, le bleu parfois négatives par la vaporisation de la couleur autour du corps féminin.

L’IDÉE DU MONOCHROME

A l’origine, Yves Klein voulait être judoka professionnel et il se rend au japon pendant 15 mois et obtient un titre de ceinture noire 4 ème Dan mais à de retour à Paris le fédération française de judo ne reconnait pas son diplôme. En placant tous ces espoirs dans cette carrière qui s’arrêtait brutalement, il décide de devenir artiste.

Fin 1954, Yves Klein publie un receuil intitulé « Yves peintures ». Pour Nan Rosenthal, ce livre est d’abord la proposition d’une idée, celle de réaliser des peintures consistant en l’application régulière d’une couleur unie; il est d’abord la preuve, la première preuve matérielle, visible et publique de l’existence du monochrome comme concept.

Dans la préface rédigée à l’occassion de l’exposition de Yves Klein à la Galerie Allendy, en 1956, Pierre Restany situe « les propositions monochrommes » à côté de l’art de peindre et définit le projet de Klein comme « la tentative insensée de vouloir élever à la puissance +OO la dramatique aventure du carré de Malevitch. Mais il n’y a précisément ni carré noir, ni fond blanc.

Le monochrome, couleur unique et pure, posséde une valeur positive, symbole de liberté absolue et d’identification complète avec l’espace. Dans l’esprit de Klein, cette énergie pure semblable à l’âme, qu’il entend matérialiser grâce à la couleur et à lui donner corps par l’intermédiaire d’une oeuvre d’art, relais indispensable entre l’invisible et le visible.

En 1958, Yves Klein expose le vide à la Galerie iris Clert. Peinte en blanc et entièrement vide, la facade peinte en bleu, l’espace est sensibilisé par l’artiste.Gardes républicains à l’entrée et cocktails bleus.

La première exposition du groupe des Nouveaux Réalistes a lieu en novembre 1960 au Festival d’avant-garde de Paris. Elle sera suivie d’une autre en mai 1961 à la galerie J., et de juillet à septembre de la même année s’ouvre le Festival du Nouveau Réalisme à Nice, à la galerie Muratore.

Cette ville, d’où Yves Klein et Arman sont originaires, est le premier centre d’activité du mouvement. Les expositions importantes qui suivent se tiennent à New York en 1962 et à la Biennale de San Marino en 1963, qui marque la dernière exposition collective du groupe.

il révèle ainsi une nouvelle génération d’artistes qui, au lieu de fuir le réel dans une abstraction froide ou lyrique, dans le nuagisme ou le matiérisme par exemple, érige au contraire l’objet industriel en matériau de la création pour le détourner, le magnifier, le tourner en dérision, ou pour de tout autres fins. L’essentiel est dans la réalisation réaliste et objective.

L’apologie de l’objet anonymement produit par la société de production-consommation. cette nouvelle approche de l’art se caractérisent essentiellement par la revendication justifiée d’une singularité collective.

Baptisés de manière volontariste par le critique d’art, les représentants du nouveau réalisme se reconnaissent avant tout à leur attitude générale d’appropriation du réel, qualifiée par Restany de « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire ». Ils intègrent ainsi à leurs œuvres des éléments de l’univers quotidien : palissades, barils, objets en plastique, détritus, voitures ou sigles de la circulation…

La méthode artistique est très variable : compressions de César, accumulations d’Arman, décollage et

lacération d’affiches de Hains et Villeglé, assemblages d’objets courants en plastique de Raysse, tableaux-

pièges de Spoerri, sculptures autodestructives de Tinguely, tirs de Niki de Saint-Phalle, emballages de

Christo… Héritiers directs de Dada (ils exposent d’ailleurs à Paris, en 1961, sous le titre A 40° au-dessus de

Dada), les nouveaux réalistes reconduisent l’esthétique de prélèvement initiée par les ready-mades de Duchamp

César Baldaccini est successivement élève à l’Ecole des Beaux-arts de Marseille et à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris jusqu’en 1948 où il est formé aux techniques traditionnelles de la sculpture.
Après sa scolarité, rompant avec les techniques académiques pour des raisons initialement économiques, il réalise ses œuvres à partir de ferrailles qu’il assemble au moyen de la soudure à l’arc. Ces sculptures, exposées pour la première fois en 1954, constituent la première exposition personnelle de César à la Galerie Lucien Durand à Paris.

Plus emblématiques de son œuvre, les Compressions sont réalisées à partir de 1958, tout d’abord en utilisant des plaques de métal indifférenciées, puis à partir de voitures qu’il compresse en blocs rectangulaires. Cette opération aléatoire qui efface la subjectivité de l’artiste au profit de l’anonymat de la machine, ainsi que la référence aux « ready-mades » de Duchamp quant au matériau de base de l’œuvre, font de lui un des protagonistes du Nouveau Réalisme à sa création.

Toutefois, César maîtrise très vite la technique des Compressions, ce qui lui permet de diriger ses travaux, pour aboutir au célèbre parallélépipède remis à la cérémonie des Césars du cinéma.

Parallèlement aux Compressions, César, au cours des années 60, revient à la technique du bronze pour réaliser des figures humaines ou bien des parties du corps humain, comme le Pouce.
En contrepoint aux Compressions, il réalise en 1967 sa première Expansion : il s’agit de laisser librement se répandre une mousse de polyuréthane qui se solidifie rapidement.

Armand Fernandez entreprend des études artistiques à l’École des arts décoratifs de Nice en 1946, puis à l’École du Louvre, à Paris, de 1949 à 1951. Entre temps, il se lie d’amitié avec Yves Klein, rencontré dans un cours de judo : celui-ci introduit Arman auprès du critique Pierre Restany pour former le groupe des Nouveaux Réalistes en 1960.

Ses premières peintures, les Cachets, composent des images abstraites à partir d’empreintes d’objets trempés d’encre, jusqu’au jour où il prend conscience que l’objet lui-même peut être encore plus signifiant que son image ainsi reportée.

C’est le début de son travail d’Accumulations qui rassemble de grandes quantités d’objets identiques fondus dans du plexiglas. L’accumulation préside au principe de la série des Poubelles, dont certaines parviennent à assumer le rôle de portrait, par exemple celui d’Yves Klein, personnalisé par la présence d’objets bleus.

Ce procédé de l’accumulation de déchets est porté à son paroxysme lors de l’exposition du Plein, à la Galerie Iris Clert en 1960 : toujours très proche de son ami Klein, Arman répond ici à l’opération du Vide, exécutée dans la même galerie, deux ans auparavant.

Parallèlement aux Accumulations d’objets quotidiens, et à la constitution d’une vaste collection d’art africain, une autre démarche artistique est associée au nom d’Arman : les Colères, actes de vandalisme souvent exécutés en public dont les reliques sont rassemblées pour constituer un tableau.

Depuis les années 70, l’art d’Arman s’illustre par la réalisation de sculptures monumentales, comme Long Term Parking, réalisée en 1982 pour le parc de la Fondation Cartier de Jouy-en-Josas, œuvre composée de soixante voitures empilées dans une gangue de béton.

Gérard Deschamps assemble des chiffons, des sous-vêtements feminins (ce qui lui vaudra d’être censuré) ou expose des bâches de signalisation de l’armée américaine, des plaques de blindage, des tôles irisées par la chaleur, des patchworks, des ballons dans des boîtes en plexiglas ou dans des filets, des skateboards, des « pneumostructures » faites de bouées ou de matelas pneumatiques.

Daniel Isaak Feinstein, plus tard Daniel Spoerri du nom de son oncle, passe son enfance en Suisse où, très jeune, il se lie d’amitié avec Jean Tinguely. Il commence d’abord une carrière de danseur à Zürich, Paris et Berne où il est danseur-étoile jusqu’en 1957.

En 1960, alors qu’il collecte des ferrailles pour Tinguely, il a l’idée de coller les objets rassemblés en vrac sur un support qu’il redresse à la verticale, fixant ainsi dans la durée le dispositif d’un instant dû au hasard. C’est la naissance de ses tableaux-pièges qui, principalement, immortalisent des reliefs de repas, comme c’est le cas pour le Repas hongrois et autres dîners de l’exposition 723 ustensiles de cuisine. Cette entreprise culmine avec l’ouverture d’un restaurant permanent par Spoerri à Düsseldorf en 1968.

Parallèlement aux tableaux-pièges, Spoerri développe l’idée de détrompe-l’œil, œuvres dans lesquelles il combine un tableau classique illusionniste, un « chromo », avec des objets ayant pour fonction de démystifier cette image, de la reléguer parmi les objets de la banalité.
Daniel Spoerri vit actuellement en Toscane, où il a ouvert sa propre fondation dotée d’un parc de sculptures.

Raymond Hains entre à l’École des beaux-arts de Rennes en 1945 pour étudier la sculpture, mais n’y reste que six mois, le temps d’y rencontrer Jacques de la Villeglé, autre futur affichiste du groupe des Nouveaux Réalistes. Il commence alors à réaliser des photographies à l’aide de lentilles déformées qui donnent de l’objet une image éclatée. Exposées en 1947, ces photographies constituent sa première exposition personnelle, à la Galerie Colette Allendy, à Paris.

Dans les années qui suivent, Hains réutilise ce procédé pour réaliser des films expérimentaux ; et c’est à l’occasion d’un tournage en 1949, où il se propose de filmer des affiches collées sur des murs de rues, que naît l’idée de se les approprier.

En compagnie de Jacques de la Villeglé, il collecte des affiches publicitaires usées par des mains anonymes dans les rues de Paris. Mais ce n’est qu’en 1957 qu’ils présentent le résultat de leurs trouvailles, toujours à la Galerie Colette Allendy, dans une exposition intitulée Loi du 29 juillet 1881, titre qui fait référence à la législation du droit de l’affichage public.

Niki de Saint-Phalle (1930-2002), est l’artiste féminine essentielle du groupe des Nouveaux Réalistes. Avec ses sculptures aux formes rondes et colorées, elle a apporté une esthétique Pop au Nouveau Réalisme. En 1955, lors d’un séjour en Espagne, Niki de Saint-Phalle découvre le travail d’Antonio Gaudí qui lui inspire ses premières sculptures créées à partir de divers matériaux et d’objets trouvés.

Vers 1965, Niki de Saint-Phalle, elle créée sa série de « Nanas », des sculptures représentant des femmes, inspirées par la grossesse de son amie Clarice Rivers. Les premières « Nanas » de Niki de Saint-Phalle sont en papier mâché et laine, sans couleur. Puis, l’artiste intègre des couleurs vives (bleu, jaune, rouge) et diversifie les matériaux (résine, polyester, plâtre). Dès lors, ces couleurs vives et matériaux deviennent une constante dans ses différentes séries de sculptures.

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