LA POTERIE D’ART DE CIBOURE
1919 – 1995
Du 18 juillet 2020 au 3 janvier 2021
Exposition temporaire
Présentée par le Musée Basque
Salle Errobi Errobi gelan
37, Quai Des Corsaires, Bayonne Kortsarioen Kaia,37- BaionaCOMMISSARIAT KOMISARIOA
Sabine Cazenave, directrice conservateur en chef du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne,
Jacques Battesti, attaché de conservation du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne,
* Max et Carmen Fischer
* Les prêteurs Prestatzaileak
* Yves Badetz, Sophie Barthélémy, Liane Beobide, Séverine Berger, Jean-Pierre Bidegain, Maheut Bolard, Robert et Francine Brandhof, Jean-Michel Chassériaux, Janine Chevrat, Commune de Ciboure, Jean-Bernard Dehoux, Dominique Donney, Myriam Dubourdeaux, Isabelle Ducassou, Jean-Marie Dufau, Françoise Duinat, Françoise Dumas, Christine Epherre-Iriart, Jean-Pierre de Esoain, Claudette et Henri Etcheverria, Marie-Odile Etcheverry, Jean Gayas, Nathalie Gomez, Denis Grandet, Amandine Guindet, Béatrix Guiroy, Martin Hauser, Emilie Hervé, Daniel Labarbe, Elisabeth Lacave-Laplagne, Léon Laconme, Jean-Michel Lacoste, Marie-Christine Laffargue, André Lalanne, Guy Lalanne, Pierre Larralde, Jean-François Larralde, Gilles Lauga, Philippe Martinez, Marie-Christine Melendez, Musée de Borda – Dax, Robert Poulou, Jeanne et Jacques Pragnère, Christian Prieur, Mary-Anne Prunet, Olivier Ribeton, Jacqueline Riquier, Jean-Noël Roche, Cécile Roche, Laetitia Rodriguez, Étienne Rousseau-Plotto, Jacques Sargos, Lydia Scappini, Jean-Pierre Telleria, Laurent Terrasse, Alain Teston, Myriam Touati, Ville d’Anglet,Marcel de Zarobe.
INTRODUCTION
Créée en 1919 sur les bords de la Nivelle, la Poterie d’Art de Ciboure a produit sans interruption,jusqu’à sa fermeture en 1995, des céramiques en grès décorées à la main. Souvent qualifiée de «Poterie basque », elle est essentiellement connue pour ses vases et services régionalistes, ornés de scènes du monde rural et maritime basque. Derrière cette production emblématique, une grande variété de formes, décors et styles a rythmé son existence au gré des choix artistiques et commerciaux des responsables de l’entreprise : le néo–grec, l’Art déco, les vases émaillés, lespoteries sculptées, les séries de fleurs, etc.
La Poterie de Ciboure est intimement liée à la Côte basque. Elle est un témoin privilégié de son histoire, à travers les différentes orientations de sa production qui reflètent les transformationsqu’a connues ce territoire, tiraillé entre héritage et modernité, villégiature haut de gamme et tourisme de masse. Elle fut aussi un acteur de premier plan, haut-lieu de l’artisanat d’art en PaysBasque au XXe siècle. Elle a contribué, par la large diffusion de sa production, à construirel’image de la Côte basque dans les représentations collectives.
Depuis sa fermeture, l’intérêt qu’elle suscite ne cesse de croïtre, attirant, à la suite de KarlLagerfeld qui s’est passionné pour la période néo–grecque de la Poterie, l’engouement descollectionneurs, amateurs d’objets d’art et de sujets basques.
Réunissant près de 500 pièces issues de nombreuses collections privées, cette exposition retrace les 77 années d’activité de la Poterie d’Art de Ciboure, depuis le binôme fondateur de 1919 jusqu’à l’extinction du dernier four. Elle présente la diversité et la richesse de ses créations, le talent de ses potiers et décorateurs, l’innovation et la recherche de qualité constante d’uneentreprise qui a toujours conservé une dimension artisanale et familiale.
1919 -1921
En 1919, les trois fondateurs, Lukas, Vilotte et Floutier, trouvent un hangar à bateaux désaffecté, en bordure de Nivelle pour installerleur activité, avec de l’eau à profusion ainsi quela possibilité d’acheminer la terre et d’accéderfacilement à la gare de Saint-Jean-de-Luz. La voie ferrée leur permet de se rendre à la Tuilerie de La Négresse (Biarritz) o๠ils se procurent une terre rouge qui donne la couleur beige rosé si caractéristique des grès de Ciboure. La première période, qui dure troisans, de 1919 à 1921, est un temps d’intenseexpérimentation. Des expériences portent sur
les mélanges de terre, les méthodes de modelage et de cuisson, ainsi que la mise au point des décors. Elles produisent des pièces exceptionnelles, remarquables par leur taille ou leur granulométrie de surface. Mais faute de s’entendre sur les objectifs artistiques et économiques de leur aventure, le trio d’amis se sépare très vite. Au départ de Lukas en 1921 succède celui de Floutier en 1922. Désormais seuls, Étienne Vilotte et son épouse Élise transforment ces premiers essais en une entreprise florissante.
Les premières pièces tournées par Edgard Lucat sont décorées par Louis Floutier ou, plusrarement, par d’autres artistes (Almès, Léon, Labat). Ces premiers pots portent les mentions manuscrites « Ciboure », « LVK » (pour « Lucat »), « L Floutier ». A l’arrivée d’Étienne Vilotte, en1920 ou 1921, un tampon constitué de leurs 3 initiales enlacées entre en usage jusqu’en 1922.C’est un temps d’intense créativité et d’expérimentations techniques. De nombreux motifs et styles sont explorés. A côté des modèles inspirés de l’Antiquité, quelques pièces uniques, sans suite, renforcent l’originalité de cette période.
L’apparition du style néo-basque (1925-1945)
En 1922, Étienne Vilotte recrute un nouveau potier pour palier au départ d’Edgard Lucat. L’espagnolAdrián Esteban, formé à la poterie rurale dans son Estrémadure natale, puise dans le répertoire originel des vases antiques en introduisant progressivement des formes vernaculaires locales : pegarra, ferreta et gargoulettes.
En parallèle, les décors évoluent. L’iconographie néo-basque, portée par le développement del’architecture et des arts décoratifs régionalistes, supplante en quelques années les décors néo-grecs. Dès le milieu des années 1930, les décors basques sont prédominants à la Poterie de Ciboure. Ils se déploient au début sur des formes grecques, avec une bordure stylisée alternant lignes horizontales et carrés noirs qui rappelle les corniches des temples grecs (triglyphes et métopes) et devient pourlongtemps l’une des signatures visuelles de cette production. Les scènes sont inspirées de la vie rurale et maritime : bouviers, pelotaris, porteuses d’eau, musiciens et danseurs, fermes labourdines. Le succès de cette production entraïne le déclin du style néo-grec dont la production devient anecdotique après 1945.
Les styles antiques et le style Art déco
Toutes les pièces des premières années puisent dans le répertoire formel et décoratif de l’Antiquité. Les plus nombreuses se rapportent à l’époque grecque classique du Ve siècle avant J.-C., marquée par la recherche des proportions idéales du corps humain, qui convient parfaitement à la maïtrise académique du pinceau de Louis Floutier. D’autres se réfèrent à des styles plus anciens de la céramique grecque, dits orientalisant (frises d’animaux) et géométrique (personnages schématisés,souvent sur des chars). Quelques-unes témoignent d’une inspiration égyptienne (personnages de profil, hiéroglyphes) ou étrusque (spirales).
Ces modèles perdurent après 1922, déclinés et enrichis, lorsqu’Étienne Vilotte prend seul les commandes de l’entreprise, imposant le tampon « VE Ciboure ». Jusqu’au milieu des années 1920 aumoins, le néo-antique est le style exclusif de la Poterie de Ciboure, avant l’arrivée des décors néo- basques qui le remplacent progressivement. Il reste encore très présent jusqu’en 1945.
Le style Art déco accompagne la Poterie de Ciboure dès sa création. Expression d’une époquemarquée par le culte de la machine, de la vitesse et du corps, cette esthétique nouvelle apparaïtcomme un retour à la pureté et la rigueur de d’héritage grec classique. Des formes stylisées etgéométriques sont associées à l’exaltation des corps en mouvements, réminiscence des figuresathlétiques et héroïques de l’Antiquité.
Le traitement Art déco se manifeste dans le tracé des corps, puissants et stylisés, dans les frises ou dans les motifs végétaux répétitifs qui encadrent les décors.
1922-1945
En bons entrepreneurs, le couple Vilotte assied l’offre de la Poterie. Le dépôt d’un brevet « Poterie de Ciboure VE » (Étienne et Élise Vilotte) en 1922, vient également conforter cette idée de « marque » : c’est désormais le couple Vilotte et la provenance « Ciboure » qui sont mis en avant.
Lorsque Rodolphe Fischer, qui découvre fortuitement la production de la Poterie lors d’un séjourà Biarritz, se rend à Ciboure pour faire une commande pour le magasin de cadeaux qu’ilpossède avec sa femme Suzanne à Paris, il rencontre Étienne Vilotte. Ce dernier n’ayant pas d’héritier et désirant revenir dans sa région d’origine lui propose de lui vendre l’affaire.Ni Rodolphe, ni Suzanne Fischer ne sont familiers de la céramique, mais ils sont entreprenants et ont le goût des jolies choses : la Poterie est donc acquise grâce à la vente de terrains que Suzanne possède par héritage dans la région parisienne. Entre mai et septembre 1945, Étienne Vilotte aide Rodolphe Fischer à retrouver les potiers et décorateurs dispersés par la guerre. Les plus attachés vont progressivement revenir : le tourneur Adràan Esteban, les décorateurs CharlesAndré Marie Floucault (Chaf), Richard Le Corrone et Pedro Garcia de Diego rentrent d’exil ou de déportation et recommencent à travailler. Il est intéressant de noter que Rodolphe et Suzanne Fischer continueront à utiliser la marque de leurs prédécesseurs, le tampon « VE Ciboure »,jusqu’en 1952, avant de créer la leur : « RF Ciboure ».
Suzanne Fischer, conformément à son désir, apprend la poterie et lance d’autres gammes : «Jorraila », « Arroka », puis « Alexa » et « Clara » dérivées de l’Arroka. La série « Jorraila », inspirée des décors champlevés des stèles funéraires observées au Musée Basque et de la Tradition bayonnaise mais aussi dans les cimetières des environs, connaït un très grand succès dans les années 1950.
Développement du style néo-basque, 1945-1995
Au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, l’entreprise est affaiblie : stock réduit, approvisionnement interrompu, équipe dispersée. Étienne Vilotte transmet à ses successeurs son savoir technique et lesaide à reconstituer l’équipe d’artisans (le tourneur Adrián Esteban, les décorateurs Charles-André Floucault « Chaf », Richard Le Corrone et Pedro Garcia de Diego, etc.).
Le style néo-basque, déjà dominant avant la guerre, connaït un très fort développement et s’impose,pour longtemps, comme le style spécifique de la Poterie de Ciboure. Si les thèmes et les motifsrégionalistes, fixés à l’époque de Vilotte, restent inchangés, parce qu’ils correspondent aux attentesdes acheteurs, les pièces sur lesquelles ils sont déclinés se diversifient. De nouvelles formes apparaissent et les services utilitaires, déjà présents dans les années 1930, se multiplient pour suivrel’évolution de la clientèle à l’heure de la massification du tourisme. Le talent des décorateurs permet la réalisation de petites séries (tauromachie, fête de village) ou de pièces de commande dont le décorrenouvelle l’imagerie traditionnelle des figures de danseurs, pelotaris, bouviers et autres porteuses d’eau.
1977-1995
Au décès de Rodolphe Fischer en 1977, la Poterie d’art est transmise à son fils Max qui a grandià la Poterie. Né en 1932, il a 13 ans lorsque ses parents la rachètent aux époux Vilotte. Il estl’aïné de quatre garçons et se forme pour reprendre l’entreprise à Vierzon o๠il fait des études de 1947 à 1951. Dés 1947, Max joue les intermédiaires entre monsieur Marc Ceinturet, professeur de chimie-céramique talentueux et son père afin d’améliorer les mélanges de terre,les recettes de cuisson et d’émaillage. En 1951, Max commence à travailler à la Poterie ; il y travaille avec ses parents durant 26 ans avant de prendre la succession avec son épouse Carmen. Deux générations se superposent alors à la Poterie de 1952 à 1977, un fonctionnement typique des entreprises familiales à cette époque. De même que Rodolphe et Suzanne avaient gardé la marque-tampon de leurs prédécesseurs de 1945 à 1952 avant de créer la leur, Max et Carmen utiliseront celle de leurs parents pour les pièces créées antérieurement, pour signer enfin leurs créations « MFC Ciboure » à partir de 1990.
Parmi les dernières expériences menées à la Poterie entre 1992 à 1995, il en est une qui mérited’être particulièrement soulignée. Robert Brandhof, jeune artiste originaire des Pays-Bas et résidant à Paris, s’installe « en résidence » à la Poterie d’Art de Ciboure en 1995. Il ne devient ni potier, ni entrepreneur, mais en s’appuyant sur le savoir-faire de céramiste de Max Fischer,l’artiste crée les toutes dernières poteries. Le 11 décembre 1996, à 12h30, avec la sortie dudernier four, 75 ans de poterie d’art à Ciboure prennent fin.
Jours et horaires d’ouverture
- Toute l’année, musée ouvert du mardi au dimanche
10h – 18h
Fermé les jours fériés sauf les 14 juillet et 15 août - Tel. 05 59 59 08 98
Tarifs
Gratuit pour les moins de 26 ans
Plein tarif : 8 € en période d’exposition temporaire
Tarif réduit : 5 €
Gratuit pour tous, le 1er dimanche de chaque mois
Paiement par CB, chèque, espèces et eusko
Source : http://www.musee-basque.com/files/pmedia/public/r8577_9_dp_la_poterie_dart_de_ciboure_1919-1995_ziburuko_eltzegintza.pdf