Bordeaux : record d’enchères pour un tableau estimé 150.000 euros et adjugé à plus de deux millions
Depuis une dizaine d’années, les records se multiplient dans les maisons de ventes de province. Le dernier en date a été établi samedi 19 septembre à Bordeaux, pour une nature morte française du 18e siècle, peinte par François Desportes, estimée à 150.000 euros et adjugée plus de deux millions.
Comment expliquer cet enthousiasme ? D’après trois facteurs, selon maître Antoine Briscadieu, commissaire-priseur qui présentait cette œuvre.
« D’abord, c’est un tableau inédit, qui a été redécouvert grâce à ces enchères. On en avait une trace lors d’une vente de 1888, mais il n’avait pas été revu depuis. Ensuite, sa provenance est prestigieuse, car il provient des collections de Philippe d’Orléans, le Régent, un très grand amateur d’art. Enfin, cette nature morte est considérée comme le chef-d’œuvre de l’artiste » énumère le commissaire-priseur, qui souligne tout particulièrement la qualité du tableau.
« Cela s’est joué entre grands collectionneurs privés », précise-t-il.
Le précédent record de vente pour un tableau de François Desportes remontait à une vente de 1995, lors de laquelle une paire de tableaux avaient été acquise pour 695.000 euros.
Une vente reportée à cause du confinement
Ce tableau devait être initialement proposé à la vente en mars dernier, mais, confinement oblige, elle a été reportée… Ce qui a peut-être contribué au succès des enchères, grâce à l’impatience accrue des collectionneurs.
Qui sont les vendeurs ? Là encore, pas de noms, mais une précision : il s’agit des héritiers d’une collection de 1920, la collection Louis Burat, « qui étaient dans la salle, et ont été très heureux et émus de constater l’intérêt porté au tableau », précise maître Antoine Briscadieu.
Ce n’est pas la première fois que le commissaire-priseur abat son marteau pour une somme supérieure à un million d’euros, d’autant plus ces dernières années, car « on assiste à une multiplication des records en province », souligne-t-il.
« Les acheteurs sont sensibles à la proximité des maisons de ventes de province, qui leur permettent d’avoir une grande confiance dans la provenance des œuvres » explique le commissaire-priseur. Celui qui se considère comme « un passeur », explique avoir « pris beaucoup de plaisir dans cette transmission-là ».
→ Vidéo : présentation du tableau par l’expert Stéphane Pinta