Eugène Printz, de Casablanca à Bordeaux
Le 6 novembre à Bordeaux, l’Hôtel des ventes Bordeaux Sainte Croix présentera aux enchères un ensemble mobilier d’Eugène Printz inédit sur le marché. Il fut réalisé par le maître Art déco dans les années 1930, pour une villa à Casablanca, au Maroc.
Le 28 avril 1925, des millions de visiteurs, venus des quatre coins du globe, se pressent sur l’esplanade des Invalides. Là, des pavillons se déploient sur vingt-trois hectares pour accueillir l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes. L’événement révèle au monde les créations d’une génération d’artistes décorateurs, résolument tournés vers l’avenir. Parmi eux, Eugène Printz (1889-1948) incarne l’avènement d’un nouveau style, l’Art déco. L’ébéniste y présente un ensemble mobilier conçu en collaboration avec Pierre Chareau. Sa carrière est lancée. Ses créations raffinées, autant qu’ingénieuses et fonctionnelles, séduisent. Dès lors, Eugène Printz est de tous les salons et s’attire les faveurs des institutions, à l’instar du Mobilier national qui le sollicite pour aménager le bureau-salon du maréchal Lyautey, ainsi que d’une clientèle bourgeoise internationale. Au début des années 1930, il reçoit ainsi la commande d’un ensemble mobilier destiné à décorer une villa privée à Casablanca, au Maroc, dont plusieurs pièces, imaginées en harmonie avec les lieux, seront dispersées aux enchères par Antoine Briscadieu le 6 novembre à Bordeaux et en live sur Interencheres.
Un ensemble mobilier réalisé pour une villa à Casablanca
Une photographie d’époque, prise in situ, donne un aperçu de cet ensemble décoratif, dévoilant la pièce maîtresse de la vente, un tapis de 33,5 m2 en trois parties, exécuté en laine et orné de motifs triangulaires traités en turquoise et beige, sur un fond de couleur chocolat (estimé entre 20 000 et 30 000 euros). « Sur ce cliché, on aperçoit également une table-console (ou bureau), d’un modèle identique à celui conservé au Palais de la Porte Dorée, dans le salon ovale du Maréchal Lyautey, qui a été vendue aux enchères en 2017 à Paris, ainsi qu’un cabinet de Jules Leleu vendu quant à lui par Antoine Briscadieu en 2020 à Bordeaux », détaille Emmanuel Eyraud, expert en arts du XXe siècle. En outre, les enchérisseurs reconnaîtront au mur le miroir circulaire, pourvu d’un encadrement en laiton patiné, qui leur sera proposé lors de cette vacation, avec une estimation comprise entre 8 000 et 12 000 euros.