Lé Pho (1907 – 2001)
« Jeune garçon à l’oiseau d’or »
Rare et exceptionnel panneau de laque signé en haut à gauche et daté 1936
Dimensions : 69 x 55 cm
Encadrement d’origine en laque réalisé par l’artiste

Estimation : 120 000/150 000 € 

Provenance :
Ancienne collection Louis Charles Blanchet
Par descendance à l’actuel propriétaire 

Un certificat de Monsieur Alain Le Kim, ayant droit du peintre Le Pho sera remis à l’acquéreur.

 

 

Vente aux enchères publiques

ARP AUCTION

ART MODERNE ET CONTEMPORAIN

JEUDI 16 MARS 2023 16 h 00

174, rue du Faubourg-Saint-Honoré 75008 Paris


Consultez le Catalogue de la vente  en ligne 


Exposition publique : du jeudi 9 au mercredi 15 mars de 10 h à 19 h

En partenariat avec Artexpertise.fr et le cabinet d’Expertise Alexis Maréchal.

Contact : contact@artexpertise.fr

Lé Pho (1907 – 2001)

 

Fils du vice-roi du Tonkin, Lé Pho est un artiste phare de la première promotion de l’École des Beaux- Arts d’Indochine (1925 – 1930), qui très tôt manifeste des prédispositions pour la peinture.

Repéré par Victor Tardieu, le directeur de l’école, il devient l’un des meilleurs élèves et assimile rapidement toutes les techniques enseignées par les professeurs.

Si l’école des Beaux-Arts d’Indochine est destinée à former les jeunes artistes aux techniques occidentales, elle valorise également les arts traditionnels Vietnamiens comme la peinture sur soie ou la laque.

La laque est un matériau qui s’obtient après préparation de la sève végétale du laquier, un arbre qui pousse en abondance dans une province au nord d’Hanoi, à laquelle on ajoute de l’essence de térébenthine.Ce procédé de fabrication long et fastidieux fut inculqué aux élèves avec la volonté de redécouvrir un savoir-faire ancestral.

Lé Pho a produit très peu de laques mais au sein de l’école des beaux art de Hanoï, en compagnie de son camarade Tran Quand TRAN (Ngym), ils modernisent les techniques en apportant des 

innovations notables et en assurent la promotion en compagnie de Joseph Inguimberty et de Alix Aymé, deux artistes Français spécialistes de la laque, enseignants à l’école des Beaux Art d’Indochine.

En 1931, grâce à Victor Tardieu qui lui demande de devenir son assistant, Le Pho participe à l’Exposition coloniale de 1931 à Paris.

Il travaille sur le Salon de laque du Pavillon du temple d’Angkor reconstitué pour l’occasion, avec de jeunes artistes comme Le Van De, Thang Tran Penh, Do Du Thun et To Ngoc Van 

et expose à cette occasion un spectaculaire panneau en laque noire, rouge et or intitulée « Paysage Tonquinois Sai Son, province de Son Tay ».

Il reste un an à Paris pour suivre des cours à l’école des Beaux-Arts et entreprend un voyage en Italie ou il découvre les peintres primitifs qui auront une forte influence sur son œuvre.

Il rentre en Indochine en 1933, et grâce à Victor Tardieu, il enseigne à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine à Hanoï jusqu’en 1936, année féconde durant laquelle il va créer plusieurs laques 

magistrales dont notre panneau « Jeune garçon à l’oiseau d’or ».

Dans une végétation luxuriante réalisée en camaïeu de gris, un jeune Vietnamien tient dans la main en toute sérénité un oiseau rehaussé d’or.

Si le sujet évoque encore l’Asie, les tonalités utilisées, la simplification des formes et la modernité qui s’en dégage, par son traitement ce rare panneau de laque s’apparente désormais à un travail 

occidental et évoque les laques Art déco de jean Dunand que Lé Pho a pu découvrir lors de l’exposition coloniale internationale de 1931.

 

Cette même année, il réalisera de grands panneaux de laque destinées à décorer le stand de la section Indochine de l’exposition internationale de Paris en 1937 qui marqueront la fin d’une magnifique série.

1937 sera pour Lé Pho une date charnière; directeur de la section Indochinoise de l’exposition universelle de Paris, il quitte l’Indochine pour s’installer définitivement en France comme ses amis peintres, Mai Thu, Vu Cao Dam et Le Thi Luu.

La laque de Lé Pho que nous présentons, totalement inédite sur le marché de l’art, provient de la collection de Louis Charles Blanchet.

 

Louis Charles Blanchet

Né en 1897 dans une famille d’instituteurs, Louis Charles Blanchet décide très tôt de quitter sa famille et de partir à l‘aventure en Indochine. Engagé dans l’armée durant la première guerre mondiale, il rencontre sa femme Antonia Delorme à Hanoï en 1919; elle est la fille de Eugène Delorme, un homme d’affaire prospère installé de longue date à Hanoï et marié à une Vietnamienne du nom de Thi Kéen Lé.

Grâce aux relations de son beau-père, il rentre à la Banque de l’Indochine, comme employé et parvint à gravir rapidement les échelons pour devenir en 1926 le fondé de pouvoir de la succursale de la Banque de l’Indochine à Nam Dinh.

En 1934, il dirige la succursale de Quynhon et en 1936, on le retrouve à la tête de la succursale de Hué, la capitale de l’Annam; c’est cette année-là qu’il achète la laque que nous présentons.

En 1936, Lé pho est toujours en Indochine, Il enseigne à  l’école des Beaux-Arts de Hanoï tout en réalisant des commandes officielles pour l’empereur Bao Daï dans son palais de Hué; Il est tout à fait vraisemblable que Louis Blanchet ait acheté directement cette laque àl’artiste.
Louis Blanchet poursuit sa carrière à Phnom Penh et quitte définitivement le Vietnam à la fin des années 50. Il s’installe avec sa famille à Paris et ramène avec lui tout son mobilier ainsi que la laque de Lé Pho « jeune garçon à l’oiseau d’or ».

Quelques années plus tard, Il se retire à Nice sur les hauteurs de Cimiez pour prendre sa retraite et dans son appartement on retrouve sa collection d’objets d’art et de mobilier Indochinois ainsi que la laque de Lé Pho toujours associé à ce miroir en bronze de la fin du XIXe siècle que nous présentons dans la même vente (cf photo de l’intérieur de la maison de Louis Blanchet à Quynhon ).

La petite fille de Louis Blanchet, devenue propriétaire de la laque après succession, a décidée de nous confier cette œuvre exceptionnelle de Lé  Pho à laquelle elle fut tant attachée.