LES CONQUÊTES DE L’EMPEREUR QIANLONG :

Illustrant les campagnes de l’empereur en Asie Centrale entre 1755 et 1759, avec scènes de batailles et sièges de cités fortifiées, campements, célébration de la victoire.
Chaque gravure porte, en partie basse, à gauche, le nom du dessinateur, au centre le nom du directeur du projet, C. N. Cochin, et à droite, le nom du graveur ainsi que la date d’exécution.

Ensemble de seize gravures représentant les conquêtes du Nord-Ouest, d’après des dessins de Giuseppe Castiglione (Lang Shining), Ignatius Sichebarth (Ai Qimeng), Jean-Denis Attiret (Ba Deni) et Jean-Damascène, gravées entre 1769 et 1774.
 

CONTECTE HISTORIQUE :

Suite à des conflits entre peuples Mongols de ces régions situées au nord-ouest de la Chine (pays des Eleuthes), dont certains avaient dès la fin du XVIIe siècle, demandé l’aide du souverain chinois, et dont les troubles croissants finissaient par présenter une menace aux frontières chinoises, l’empereur Qianlong s’engagea de 1755 à 1759 dans une campagne dont il sortit victorieux. Il devint ainsi le maître des territoires éleuthes ainsi que des villes musulmanes des oasis du Tarim, Aqsou, Yarkand et Kachgar. Ce nouveau territoire, le Xinjiang, fut divisé en deux régions, nord et sud, séparées par les Tianshan et administrées par des gouverneurs militaires.

Les gravures :
Ces gravures sont le fruit d’une commande de l’empereur Qianlong, désireux de pérenniser le souvenir de cette victoire et d’en décorer le hall central du palais de Pékin.
En 1765, il charge les peintres européens de sa cour, Giuseppe Castiglione, Ignatius Sichebarth (Ai Qimeng) , Jean-Denis Attiret (Ba Deni) et Jean-Damascène, de créer une série de seize dessins, lesquels sont ensuite envoyés en France pour y être gravés sur cuivre, technique occidentale de gravure, dont la Chine avait fait la découverte vers 1710 grâce à Matteo Ripa à la demande de Kangxi.

En France, cette commande prend des allures de véritable enjeu politique. Après quelques luttes de pouvoir, le projet est considéré trop important pour être traité à la légère. Il s’agit en effet de faire œuvre si parfaite que la France soit enfin considérée à sa juste et haute valeur par l’empereur de Chine, au lieu de faire partie, comme jusqu‘alors, d’un tout européen amalgamé, récemment discrédité par des incidents avec l’Angleterre.

Fin 1766, les dessins sont donc remis par un des directeurs de la Compagnies des Indes, au Marquis de Marigny, directeur de l’Académie Royale de Peinture. Ce dernier va charger Charles-Nicolas Cochin (1715-1790), alors secrétaire-historiographe de l’académie, de superviser le projet. Celui-ci choisit huit des meilleurs graveurs de l’Académie Royale et du Cabinet du Roi (Louis XVI), dont Jacques-Phillipe Le Bas (1707-1783), qui fût le maître de Helmann. Le Bas exécutât cinq des seize gravures, dont celles dessinées par Castiglione. Le plus grand soin fut apporté à cette réalisation. Les plaques en cuivre furent importées d’Angleterre et le papier fabriqué spécialement.

L’ensemble ne fut terminé qu’en 1774, tant Cochin, soucieux de perfection, sans cesse fit reprendre les planches, voire les retoucha lui-même. L’empereur Qianlong était régulièrement tenu au courant de l’avancement du projet par les jésuites de sa cour.

En 1774, les gravures et tous les cuivres sont envoyés en Chine. L’empereur en avait commandé 100 exemplaires. Or, pour limiter les risques de perte en mer, 200 séries sont imprimées, expédiées sur deux bateaux. Une fois en Chine, les gravures ont été rehaussées de poèmes de l’empereur décrivant les scènes représentées.

Elles furent très admirées par Qianlong, qui apprécia également le rôle du roi de France, par l’intermédiaire de son académie royale, dans la réalisation de l’œuvre.

En France, seul un nombre très limité d’exemplaires a été imprimé, pour le roi, ses ministres et certains membres de la cour.

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