Passionné par le dessin de mode, l’italien René Gruau (1909-2004) est renommé internationalement pour ses illustrations de mode et de publicité. Véritable autodidacte, c’est à l’âge de 15 ans ans qu’il publie ses premiers dessins dans le magasine de mode milanais Lidel. Fort de son succès, il s’installe à Paris en 1928 et commence à travailler pour les grands magazines comme Le Figaro. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance d’un autre jeune dessinateur de mode, Christian Dior, avec lequel il se lie d’amitié. La mode parisienne et la figure féminine évoluent sous les courbes de son crayon. Il multiplie ainsi les collaborations avec les magazines féminin. Entre 1935 et 1939, Gruau illustre notamment pour les revues Fémina, Marie-Claire,Vogue… Approché par les plus grands couturiers contemporains, il dessine de somptueux modèles pour Balenciaga, Fath, Piguet, Givenchy, Rochas et bien d’autres. Il n’est pas mobilisé durant la Seconde Guerre Mondiale et rejoint alors Cannes où fonctionnent tant bien que mal les dernières maisons de couture françaises. Par cet état de fait, il sera le premier dessinateur prêt à travailler dès 1946 avec International Textiles pour qui il crayonnera toutes les couvertures jusqu’en 1984.
René Gruau revient à Paris vers 1947 après la fin du conflit. Il y retrouve son ami Christian Dior, qui monte sa propre maison de couture et avec qui il entame une réelle collaboration sur la nouvelle mode d’après-guerre et ce jusqu’au milieu des années 1980. Le dessinateur est en charge de la publicité du premier parfum de la marque, Miss Dior. S’en suivront dix autres créations de parfumerie ainsi que des partenariats sur les pièces iconiques de la marque. Dior donne carte blanche à Gruau, lui laissant la plus grande liberté artistique dans ses créations publicitaires. un exercice particulièrement stimulant dans lequel l’artiste s’épanouit pleinement.
C’est ainsi que Gruau vient à la publicité, qui sera de plus en plus présente dans son travail, au fur et à mesure que les magazines de mode préfèreront la photographie. Pourtant, en 1948, son succès l’envoi aux Etats-Unis. Il travaille pour Harper’s Bazaar et occasionnellement pour Vogue, puis devient enfin l’artiste exclusif de la revue Flair. Cependant, tenant à son autonomie de création et à l’épanouissement personnel de son art, il décide de rentrer en France pour y dessiner une mode tout en mouvements, représentée par la figure de la parisienne élégante et mystérieuse à l’aide de ses trois couleurs emblématiques : le rouge, le noir et le blanc.
À partir de 1956, il se consacre aux dessins de cabarets. Il dessinera les campagnes des mythiques cabarets parisiens : pour Le Lido jusqu’en 1994, pour le Moulin Rouge à partir de 1961, ainsi que pour le Casino de Paris. Des années 1950 et jusqu’à sa disparition en 2004 à Rome, René Gruau sera surnommé « le dernier survivant des grands illustrateurs de mode » alors que l’illustration a pourtant perdu dans les magazines sa prédominance face à la photographie. En véritable plaidoyer de la beauté de la femme, l’oeuvre de Gruau est d’une richesse infinie, sa ligne souveraine accompagne la représentation féminine sur près de soixante ans, représentant la modiste, la parisienne, ou la meneuse de revue. Témoin de son temps, Gruau a aussi visuellement marqué plusieurs générations par son travail, indémodable, réinventant ainsi sans cesse l’élégance à la française.
En hommage à l’univers parisien de René Gruau, et à l’insolence de la beauté féminine, nous présenterons lors de notre vente aux enchères du 15 mai 2019 une dizaine de dessins, gouaches et aquarelles de René Gruau ainsi que d’autres artistes modernes et impressionnistes. Rendez-vous le 15 mai prochain à l’Espace Tajan, 37 rue des Mathurins 75008 PARIS ou sur la plateforme Live.