Odilon Redon » La Tentation de Saint Antoine « .
Rare recueil de 10 lithographies
Bordeaux Vente aux enchères
Samedi 24 janvier 2024 à 14h
Hôtel des ventes Bordeaux Sainte – Croix
PEINTURES BORDELAISES ET DU SUD OUEST
En partenariat avec artexpertise.fr et le cabinet d’Expertise Alexis Maréchal.
Odilon Redon (1840-1916)
La Tentation de Saint Antoine.
Première série. Texte de Gustave Flaubert.
Dix lithographies et un frontispice, à Bruxelles chez Deman. 1888. Tirage à 58 exemplaires.
En 1849, Gustave Flaubert achève le premier texte qu’il juge digne d’être livrée au public : « La Tentation de Saint-Antoine ». C’est une réflexion sur l’Enfer l’épreuve de force avec le Diable et ses différentes incarnations.
Selon la légende c’est un tableau de Bruegel observé lors d’un voyage en Italie en 1845 qui lui inspire ce poème.
Odilon Redon découvre l’ouvrage de Flaubert, achevée en 1874 et il réalise cette première série de dix lithographies en 1888, inspirées du poème de Flaubert. Dans toutes ces compositions, Odilon Redon reste fidèle au texte de Flaubert dont les descriptions précises alimentent son inspiration.
Il créé à des êtres hybrides, fantastiques et étranges qui apparaissent et disparaissent comme le font les créatures inquiétantes qui assaillent saint Antoine.
Odilon Redon et la Tentation de saint Antoine, 1888.
Enfant solitaire et mélancolique, en déficit d’affection maternelle, Odilon Redon né à Bordeaux en 1840, mais confié à son oncle à Peyrelebade, se replie dans un univers intérieur. La lande médocaine le prédispose à ses visions oniriques. A quinze ans, il prend des leçons de dessin avec Stanislas Gorin qui lui fait découvrir Delacroix au musée de Bordeaux. Mais la rencontre déterminante est celle du botaniste Armand Clavaud, qui fait des recherches sur les liens susceptibles d’exister entre vie végétale et animale. Darwiniste convaincu, le savant bordelais initie son jeune ami à la poésie hindoue, aux écrits d’Edgar Poe et de Baudelaire, à la poésie fantastique. « C’est avec lui que j’ai connu la loi essentielle de la création, ses mesures et ses rythmes », dira Redon.
À Bordeaux en 1865, Redon devient l’élève de Rodolphe Bresdin qui le forme aux techniques de l’estampe et encourage son goût pour le rêve, ce qui suscite la série de ses « Noirs », regroupant fusains et lithographies, qui constituent l’essentiel de sa production pendant trente ans.
Pour Redon, « le noir est la couleur la plus essentielle. Il est agent de l’esprit ». Passionné par la lithographie, Redon publie ses premiers albums. Ainsi se succèdent, Dans le Rêve (1879) ; A Edgar Poe (1882) ; les Origines (1883) ; Hommage à Goya (1885) ; tandis que se nouent en 1882 des liens d’amitié avec Huysmans et Mallarmé. En 1886, à Bruxelles, Redon fait partie des artistes français invités du Salon des XX avec Monet et Renoir.
C’est en 1888 que Redon réalise la première série de lithographies pour la Tentation de saint Antoine de Flaubert, dont la dernière édition (1874) lui a été communiquée par Clavaud. Le sujet traite des apparitions de l’ermite et permet à Redon de cultiver le fantastique, son thème de prédilection. Redon réalisera quarante- deux compositions inspirées du poème de Flaubert qu’il qualifia de «miracle littéraire»: une couverture et dix planches pour l’album de 1888 ; une couverture et six planches dans le recueil de 1889, une couverture et vingt-trois planches dans la dernière suite de 1896 commandée par Ambroise Vollard.
Dans chacune des suites, Redon reste fidèle au texte flaubertien dont les descriptions fécondent son imagination. Ainsi apparaissent ces créatures étranges, hybrides et fantastiques comme les visions inquiétantes qui harcèlent le saint. Les compositions s’y révèlent tourbillonnantes, sombres et mystérieuses, alors qu’émerge la notion d’inconscient avec la naissance de la psychanalyse et l’exploration des rêves sous l’impulsion de Freud.
« Tout est subordonné chez Redon à la composition lumineuse , bien autrement importante, comme l’a dit Bracquemond, que la matière littéraire ou la mise en scène du sujet. Qui sut orchestrer de la sorte les valeurs les plus opposées, qui distribua plus savamment les sources de chaleur et de vie ? Tantôt les noirs et les blancs s’entrechoquent avec une violence tragique, tantôt c’est la lente pénétration de l’ombre et de la clarté. Voyez les blancs : suivant qu’ils sont enchâssés dans la nuit absolue ou que de plus molles ténèbres se dégradent à leur contact, ils explosent avec la sonorité de l’or et du cuivre, flambent comme l’éther ou gardent la passivité de la pierre (…) Et les noirs : noirs d’abîme aussi abstraits que l’idée de la mort, et, d’autres fois, somptueux, veloutés et dans toute leur fleur, éclatants comme de la pourpre, aveuglants comme un soleil », déclare Claude Roger-Marx en 1956 dans le catalogue de l’exposition de l’Orangerie.
Jean –Roger Soubiran
Contact :
Alexis Maréchal
Expert de justice près la Cour d’Appel de Bordeaux
Tel: 06 80 17 85 27
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